qu'est-ce que le dao yin qi gong
BODHIDHARMA
Son nom en chinois est PU TI DA MO
L’ARBRE DE LA BODHI
L’idéogramme PU désigne le figuier des pagodes (Ricci 4179)
Cet arbre possède un lien très fort avec la doctrine bouddhiste, il est vénéré depuis plus de 2500 ans à Bodh-Gayâ lieu où le Bouddha s’est assis en méditation. Il appartient aux arbres sacrés de l’Inde relié aussi à de nombreuses autres divinités hindous (Krisna, Ganesha, Hanuman)
BODHI c’est donc l’arbre de l’éveil
LA LEGENDE DE BODHIDHARMA
Une grande partie des historiens s’accordent sur le caractère légendaire du personnage. Son arrivée en Chine difficile à dater précisément, son origine indienne ou perse, son entrevue avec le roi Wu de la dynastie des Liang, son départ pour Shaolin Shi, monastère bouddhique près de Luoyang la capitale, sa méditation de neuf années devant le mur, sont autant d’éléments qu’aucune source historique sûre n’a jamais attestés. Tout ce que la tradition relate de Bodhidharma est à prendre avec prudence, que ce soit le fait qu’il soit considéré comme le créateur du bouddhisme Chan (1) voir du Gong fu wu shu, et aussi qu’il ait pu être à l’origine de deux séries d’exercices ; les Yi Jin Jing et Xi Sui Jing. Sur son origine, les avis des historiens divergent à tel point que certains nient même son existence tandis que d’autres avancent qu’il y aurait donc eu plusieurs moines à des différentes périodes.(2)
Shaolin Shi (le monastère de la petite forêt)
9 ans en méditation :
Le chiffre 9 a une portée hautement symbolique, il représente le principe yang à son apogée. Ces 9 années passées en méditation veulent attester que DA MO a atteint un sommet dans la connaissance. On peut relever la contradiction du personnage considéré comme l’importateur en Chine de l’école Lanka, école indienne dont la doctrine est décrite dans le Lankâvatâra-sutra (texte traitant de l’illumination intérieure) et comme un adepte du Bi Guan (traduction littérale contemplation murale) condamnant tout recours à la lettre écrite.
Guan
Bodhidharma se fait donc le propagateur d’une voie « pratique » loin des études de textes, il passe pour un réformateur, un révolutionnaire du bouddhisme qui se faisait jour à cette époque en Chine.
- Le Yi Jin Jing
- Le Xi Sui Jing
- Et aussi les 18 mains de Lohan (certaines sources avancent que cette forme aurait été inspirée par le Yi Jin Jing)
Essai sur les origines et les influences du Yi Jin Jing
Cet exercice appartient aux classiques " des exercices de santé chinois", il plonge ses racines dans les grands courants de la tradition chinoise.
Quand bien même ce personnage n’ait jamais existé, il a incontestablement influencé les esprits en Chine et au Japon,(4) l’image de l’ascète méditant devant un mur a inspiré de nombreux artistes. Même s’il a partagé avec d’autres la paternité de la réforme du bouddhisme chinois, il apparaît le plus souvent comme le premier patriarche du bouddhisme Chan, et si le rattachement de Bodhidharma au monastère de Shaolin n’a été qu’une manière d’apporter du crédit au monastère, il est en pourtant devenu la principale icône.
(1)Chan est une abréviation du terme Chan na qui vient lui-même du sanskrit Dhyâna. A.Cheng nous dit sur ce mot : « le terme difficilement traduisible de dhyâna désigne dans le bouddhisme canonique de l’inde un ensemble d’exercices dûment définis et gradués qui visent à l’obtention de divers états de concentration et de purifications mentales relevant du yoga »
(2) Voir Despeux les entretiens de Mazu p 12
(4) le bouddhisme Chan est devenu le bouddhisme Zen au Japon
Dictionnaire français de la langue chinoise Institut Ricci-Kuangchi Press
Le bouddhisme Ch’an en mal d’histoire Bernard Faure Ecole française d’Extrême-Orient
Mythologie des arbres J.Brosse Payot
Qu'est-ce que le qi gong ?
LES ORIGINES DE LA GYMNASTIQUE CHINOISE
DAO YIN QI GONG ou tao yin chi kung
Dans le tombeau de la marquise de Dai (daté de 168 av JC) a été découvert en 1972 parmi de nombreux objets un tissu orné de postures annotées de commentaires sur leurs exécutions et sur leurs indications thérapeutiques. Cette découverte atteste que des pratiques psychocorporelles cherchant à améliorer la santé, voir à allonger la durée de vie ou tout au moins la rendre plus facile ont eu cours depuis bien longtemps en Chine. Le daoyin qigong ou tao yin chi kung plonge ses racines dans le foisonnement de pratiques influencées par trois grands courants de pensée ; le confucianisme, le taoïsme, et le bouddhisme.
Parmi les nombreuses écoles de dao yin qi gong toutes ne poursuivent pas les mêmes buts, l'entretien de la santé, la protection de l'intégrité physique, la recherche spirituelle, l'exercice comme moyen thérapeutique, la réalisation personnelle sont des exemples parmi d'autres de la richesse des gymnastiques traditionnelles chinoises. Les écoles de qi gong, toutes tendances confondues s'entendent sur le fait de concentrer l'attention sur le corps, la respiration et les sensations, c'est certainement pour cette similitude avec le yoga indo-thibétain que l'on a pu appeler ces techniques « yoga chinois » il est impossible de décrire tous les exercices qui composent le dao yin qi gong, cependant nous pouvons tenter cette proposition de classification des exercices de santé chinois.
Ces exercices s'exécutent lentement et sans effort, l'esprit est à l'aise, le corps l'est également. Il s'agit de le dynamiser sans le blesser en cherchant à améliorer la mobilité articulaire. La mobilisation en douceur contribue à améliorer la circulation de l'énergie dans les zones sollicitées. Les articulations sont considérées par les Chinois comme des barrières énergétiques. Ces mobilisations ont pour effet d'ouvrir ces barrières, obstacles à la circulation de l'énergie.
« Le fait que l'eau ne croupisse pas et que le gond de porte ne pourrit pas est du à leurs mouvements »
SUN SIMIAO (581-682) Médecin chinois
Appelé zhan (se tenir debout) zhuang (pieu) gong (travail )
Zhan zhuang gong pourrait se traduire par « l'habileté dans la pratique posturale » ou « faculté de se tenir debout de manière équilibrée »
Le caractère Gong est composé de deux traits horizontaux reliés entre eux par leur milieu par un trait vertical. Le trait vertical représente l'homme dressé entre terre et ciel, les deux traits horizontaux représentant la terre et le ciel. Le trait vertical représente également l'image d'un pieu planté en terre symbolisant la verticalité (l'axe corporel passant par le sommet du crâne et le milieu du périnée) Il représente l'observateur placé au centre, témoin des manifestations du monde tangible. Il est aussi le point d'équilibre entre les six directions de l'espace (devant, derrière, à gauche, à droite, en haut, en bas)
Le principe du zhan zhuang gong est de maintenir la posture sans effort et sans rigidité en laissant libre cours aux circulations qu'elles soient sanguines, nerveuses, énergétiques. Il s'agit de renforcer la structure tout en respectant les paramètres de placement des segments corporels en fonction de la physiologie. Ils permettent une prise de conscience de l'équilibre, de l'axe corporel, des localisations des tensions corporelles, de la respiration.
Il n'est pas possible en quelques mots de détailler les techniques respiratoires utilisées en daoyin ou tao yin. En restant simple, la technique respiratoire de base ou d'étude consistera à associer les phases respiratoires aux mouvements globaux du corps. Ceci consiste à associer l'ouverture ou l'extension du corps avec l'inspiration et la fermeture ou la flexion avec l'expiration.
Au fur et à mesure des progrès dans la pratique, la respiration tendra à devenir de plus en plus subtile ; voici deux images afin d'illustrer cette caractéristique :
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"ne pas faire vaciller la flamme d'une bougie" en exhalant le souffle pour la phase expiratoire (hu)
-
comme "humer une fleur ou un parfum" pour la phase inspiratoire (xi)
Il est plus judicieux de procéder du plus concret au plus subtil, du structurel vers l'énergétique, du palpable vers l'impalpable ceci nous semble une voie pleine de bon sens surtout à l'attention des débutants.
Les manoeuvres du massage chinois ont ceci de particulier :
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utilisation des différentes parties de la main (doigts, paume, tranchants, dos de la paume, talon de la paume et du corps, coudes)
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variations dans l'intensité des manoeuvres (de fort à léger)
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variations dans la vitesse d'exécution (de lent à rapide)
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variations dans le but recherché (tonification, dispersion, harmonisation)
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variations dans la durée
Une pratique régulière basée sur l'écoute permet d'adapter lors de la pratique personnelle les manoeuvres en fonction de la période de la journée, de la motivation (de quoi j'ai besoin ?) et du temps disponible.
Philosophie et qi gong
Le dao yin qi gong est bien plus qu'une simple gymnastique, il s'inscrit dans la tradition chinoise. Nous trouvons des références aux exercices de santé chinois dans les textes classiques de la pensée chinoise tels que : le Dao de jing de Lao Zi, l'oeuvre de Zhuangzi, le Yi Jing (traité des mutations), sans oublier Les entretiens de Confucius et le Nei jing su wen (traité de l'interne), considéré comme la bible de l'acupuncteur, texte exposant l'énergétique chinoise.
Le contexte géographique et historique de la Chine fait qu'elle s'est trouvée enrichie au contact des autres peuples et cultures, ceci peut expliquer la richesse gestuelle et symbolique des exercices de santé chinois
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Sources photos : Pixabay, Istockphotos
QUELQUES LIENS CI-DESSOUS POUR EN SAVOIR PLUS !
ZHAN ZHUANG GONG ; L'HOMME ENTRE TERRE ET CIEL 1
La pratique statique est une composante majeure sinon essentielle des pratiques chinoises qu'elles soient orientées vers la santé ou vers la pratique martiale. Chaque école traditionnelle possède son propre système, ces différents exercices possèdent un certain nombre de points communs parmi ceux-ci nous trouvons dans les dénominations de ces méthodes les deux caractères ; ZHAN et ZHUANG. Les images qu'ils révèlent sont une source d'enrichissement dans l'étude de ces méthodes, tout comme l'étude de textes classiques comme le Yi Jing. L'écriture chinoise et les trigrammes du Yi Jing constituent de passionnants sujets d'étude et de recherche, le Yi Jing livre dans ces lignes au lecteur attentif de précieux conseils au sujet de ces pratiques.
ETUDE DU CARACTERE ZHAN
ZHAN 站 |
(Ricci 141) Se tenir debout, se lever, se dresser, se conserver, durer.
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COMPOSITION DU CARACTERE ZHAN
Caractère de gauche
LI 立 |
donne l'image d'un être debout, dressé. Un homme debout sur le sol (Wieger 1 F) |
Le caractère ancien est encore plus explicite !
Dans cet idéogramme, les trois « puissances » sont représentées :
- Le Ciel par la divination mais aussi par l'arc de cercle formé par les bras.
- L'homme par le pictogramme.
- La Terre par le trait horizontal
Caractère de droite
ZHAN 占 |
Ce caractère possède le sens de : demander ce qui en sera d'une entreprise en flambant une écaille de tortue, divination (Wieger 56 B)
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ZHAN 站 |
contient donc l'image d'un homme debout cherchant les germes des actions futures. Pour cela, il interroge le Ciel par la divination afin de connaître les actions à entreprendre ou à ne pas entreprendre ; on peut parler de méditation debout. |
ETUDE DU CARACTERE ZHUANG
ZHUANG 樁 |
(Ricci 1224) pieu, poteau, pilotis, colonne enfoncée en terre
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MU 木 |
Composé de figure d'un arbre, en haut les branches, en bas les racines, au milieu le tronc. Sens étendu bois. (Wieger 119)
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CHONG
舂 |
Et de Décortiquer le grain en le pilant, deux mains qui soulèvent le pilon au-dessus du mortier (Wieger 47)
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ZHUANG 樁 |
contient les images du bois, de l'arbre, du pilon et du mortier. |
Les différentes images contenues dans les deux caractères vont nous aider à constituer une proposition de définitions variées susceptibles de recouvrir les diverses pratiques contenues dans l'exercice ZHAN ZHUANG.
樁舂
ZHAN ZHUANG ; LA POSTURE DU PIEU
Le gnomon planté en terre renseignait par l'ombre qu'il projetait au sol sur les directions de l'espace et les saisons de l'année. Son positionnement entre terre et ciel le prédisposait aussi à servir de mât de cocagne dans un jeu antique où l'on désignait le nouveau roi. Celui qui pouvait atteindre le ciel en montant en haut du mât se désignait « fils du ciel » Le pieu planté dans le sol relie le ciel et la terre permettant au prétendant « fils du ciel » de « téter le ciel » Le fait que le pieu soit profondément enraciné dans le sol a certainement exercé une influence sur le fait que ces techniques aient été qualifiées de « techniques d'enracinement ».
LA DIVINATION L 'HOMME INTERROGE LE CIEL
Le sens de l'idéogramme ZHAN est demander et chauffer d'où divination. Des carapaces de tortues, des omoplates de cervidés étaient mises au feu afin que le devin examine les craquelures occasionnées par la chaleur et les interprète.
L'ARBRE
Il est tentant de relier les deux idéogrammes LI et MU dont les graphies sont très proches bien qu'ils ne soient pour chacun d'eux qu'une composante des idéogrammes ZHAN et ZHUANG. Les définitions « se tenir comme un arbre » ou bien même « enlacer l'arbre » trouve dans la comparaison des deux graphies tout leur sens. Plonger ses racines vers le sol, étaler ses branches vers la lumière, enlacer l'arbre nous amène à une relation toute particulière avec celui-ci. N'est-ce pas le le règne végétal qui a précédé l'homme dans l'évolution ? L'arbre est donc un peu notre ancêtre !
Comme le montrent les graphies, on peut aisément mettre en relation les bras de l'homme avec les branches de l'arbre, le tronc de l'homme avec celui de l'arbre, et les pieds de l'homme avec les racines de l'arbre. Nous trouvons bien d'autres similitudes entre l'homme et l'arbre au niveau corporel ;
- l'arbre bronchique, formé par les bronches et les bronchioles
- les vaisseaux du foie forment aussi une arborescence ; en énergétique chinoise le foie est aussi lié à l'élément bois
- la colonne vertébrale qui forme l'arbre de vie
LE PILON ET LE MORTIER ; L'ALCHIMIE INTERNE
Le fait de joindre les mains afin de tenir un pilon amène une position corporelle proche de celles adoptée pendant les pratiques de ZHAN ZHUANG, symboliquement joindre les mains c'est joindre les contraires et favoriser ainsi l'union des énergies. Des écoles traditionnelles comme le Ling Bao Ming et le Jin Dan appartiennent au courant d'alchimie interne, le pilon et le mortier représentent le creuset alchimique où sont formés pour l'un le Jin Dan (la pilule d'or), pour l'autre le joyau magique (Lingbao)
Regroupons nos propositions concernant le sens à donner aux pratiques ZHAN ZHUANG :
- Posture du pieu
- L'homme debout entre terre et ciel
- Enracinement
- Se tenir comme un arbre ou la posture de l'arbre
- Enlacer l'arbre ou embrasser l'arbre
- L'homme interroge le Ciel
- Cultiver et transformer le Qi
Venons à la pratique avec les similitudes de deux écoles d'arts martiaux internes ; l'école San Yiquan et l'école Yangjia michuan taiji quan. La pratique statique porte des noms différents suivant les écoles, voici quelques appellations de ces exercices statiques :
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Zhan Zhuang
-
Zhan Zhuang Gong
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Ji Ben Zhan Zhuang Shi
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Zuo You Dan Tui Zhan Zhuang
-
Zhan Chan (1)
Le but recherché est de renforcer la posture afin que le mouvement, qui peut se voir comme une succession de postures s'enchaînant les unes aux autres, soit en même temps fluide et ferme ; la pratique dynamique se nourrit de la pratique statique. L'école San Yiquan et le style Yangjia michuan taiji quan possèdent des exercices propres à leurs écoles respectives. (2)
L'ECOLE SAN YIQUAN
L'école San Yiquan propose l'exercice « Travail énergétique de la prise de conscience des cinq palais » cet exercice appartient à un ensemble d'exercices appelé Yi Yin Fa (techniques de pré nutrition) sollicitant l'ensemble de la structure corporelle.
Cette méthode comprend six postures, chacune d'entre elles étant reliée à une zone corporelle et à un point d'acupuncture :
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Zone périnéale et point Hui Yin
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Zone abdominale et point Qi Hai
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Zone thoracique et point Zhong Ting
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Zone scapulaire et point Tian Tu
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Zone crânienne et point Yin Tang
-
Unité corporelle et point Bai Hui
Niveau abdominal ; point Qi Hai
L'exercice a la particularité de se terminer par un exercice dynamique reliant les six postures afin de libérer le corps et l'esprit. Après avoir focaliser l'intention sur une zone précise ou un point précis, l'exercice final favorise le retour à l'unité corporelle. Cette particularité est une particularité d'école, un grand nombre d'exercices sont composés de cette façon (concentration puis libération) Ceci permet d'éviter l'accumulation ou stase d'énergie. Il est souhaitable de se référer tout d'abord aux zones corporelles, pour ensuite au fur et à mesure des progrès, se référer aux points d'acupuncture. Aller du plus grossier au plus subtil, du structurel à l'énergétique semble la démarche la plus sure. Pour la description de cet exercice, voir le Traité d'énergie vitale p 245-256 et daoyin fa qigong livre 1 p 54-57 .
Au sujet du maintien prolongé de ces exercices présenté par diverses écoles comme la panacée, G.Charles opère une mise en garde auprès des pratiquants et surtout des débutants. Selon lui, la pratique statique doit être associée à des exercices dynamiques comme les enchainements de gong fu wu shu ou de taiji quan ; ceux-ci permettent l'apprentissage de la posture et du mouvement associés à la respiration et à l'intention.. Le maintien prolongé n'est pas à la portée du débutant, il ne peut être que l'aboutissement d'une pratique soucieuse du respect du corps et de son intégrité. (Voir. p73-75 Traité d'énergie vitale)
JI BEN ZHAN ZHUANG SHI (STYLE YANGJIA MICHUAN TAIJII QUAN)
Le style yangjia michuan taiji quan possède son propre système ; il s'agit de la posture de base du style Yangjia michuan ;
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pieds écartés de la largeur des épaules
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corps légèrement fléchi
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bras à hauteur d'épaules
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épaules basses
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coudes pendants
Cette posture favorise la respiration embryonnaire (respiration abdominale) et la petite circulation céleste ; technique permettant de relier les méridiens curieux dont les trajets passent au milieu du corps sur l'avant et sur l'arrière ; les trajets Ren Mai et Du Mai.
Ji Ben Zhan Zhuang Shi
Tout comme dans l'école San Yiquan, le maintien de la posture se termine par un exercice dynamique « prendre le tigre dans ses bras et le ramener à la montagne » Il a la particularité de mobiliser le corps et l'énergie vers le haut, vers l'intérieur, vers le bas, vers l'extérieur et au centre permettant de mettre en circulation l'énergie (le qi).
Remarquons que les deux exercices «Travail énergétique de la prise de conscience des cinq palais » de l'école San Yiquan et «Ji Ben Zhan Zhuang Shi » du style Yangjia michuan ont ces mêmes particularités ; Concentration ou accumulation de l'énergie pendant la pratique statique puis libération et mise en circulation de l'énergie pendant le mouvement final. Nous retrouverons ces mêmes phases à travers la pratique dynamique du Yangjia michuan taiji quan ou du Xing Yi Quan de l'école San Yiquan ; fermeture du corps et accumulation de l'énergie, ouverture du corps et expression ou libération de l'énergie.
[1] D'après les articles de G.Charles sur la question, le Zhan Chan aurait donne le Ritsu zen japonais version debout, le Za Zen étant la version assise. Voir ces articles sur le site http://www.tao-yin.com
(2) Ces deux formes sont à rapprocher de celles du Da Cheng Quan et Yi Quan qui proposent également un ensemble d'exercices similaires
Répondre à la question pourquoi commencer par le côté gauche n'est certes pas une chose aisée, nous avons pourtant tenté de la faire !
Question :
Pourquoi commence t’on généralement les exercices et les enchaînements par le côté gauche ?
C’est certainement un peu court de répondre que cela vient du fait que le côté gauche est considéré comme yang, donc propice au mouvement. Cette réponse suscite automatiquement une autre question ; pourquoi le yang est à gauche ? Des précisions s’imposent, commençons par un tableau représentant la vision chinoise antique de l’homme et de l’espace.
Définition de l'ideogramme chi
Tout d’abord je soumets à votre réflexion cette définition de l’idéogramme Chi
Faire un pas en avant du pied gauche Sens étendu, marcher
(Wieger 63 A)
L'observateur face au soleil
L’homme occupe une position centrale face à la lumière du soleil, le dos vers l’obscurité. Cette représentation spatiale a donné naissance par association (voir tableau ci-dessous) à d’autres représentations, cette fois-ci de l’espace-temps. Ce fut l’utilisation du gnomon (bâton planté verticalement dans le sol) permettant l’observation de l’ombre projetée sur le sol qui a mis en évidence la course du soleil.
L’ombre du gnomon était différente suivant les saisons et suivant les périodes de la journée. Prenons connaissance du tableau ci-dessous pour les associations entre directions, saisons et périodes de la journée.
DIRECTIONS |
EST |
SUD |
CENTRE |
OUEST |
NORD |
SAISONS |
PRINTEMPS |
ETE |
5ème SAISON |
AUTOMNE |
HIVER |
PERIODES DE LA JOURNEE |
MATIN |
MIDI |
APRES-MIDI |
SOIREE |
NUIT |
Les saisons, le jour et la nuit s’enchaînent selon un mouvement continu, ceci a pu être une des influences du diagramme du Yin-Yang
« Les deux principes ou aspects contrastés et opposés de l’unique réalité cosmique dont l’alternance et l’union dans la nature et dans chacun des êtres constituent la réalité comme le devenir de tout ce qui existe » (1)
Yin Yang : les images
L’idéogramme Yang représente le versant ensoleillé (versant sud) d’une montagne située au nord d’une rivière
L’idéogramme Yin représente l’ubac abrité du soleil (versant nord) d’une montagne située au sud d’une rivière
Le symbole du Yin-Yang peut s’associer aux représentations de l’espace et du temps. En ajoutant au Yin-Yang les directions cardinales est, sud, ouest, nord, notre observateur se retrouve placé au milieu du yin-yang. Cela nous donne ceci
Nous remarquons que le côté gauche du personnage est du côté yang du diagramme ; le blanc symbolisant le yang, le noir symbolisant le yin. L’homme placé ainsi voit donc le soleil se lever sur sa gauche, pour ensuite face à lui s’élever jusqu’au zénith. Sur le côté droit le soleil décline jusqu’à son coucher.
Rapport yin-yang et corps humain
Pour revenir à la question initiale, résumons le rapport du Yin-Yang et du corps humain
YIN |
YANG |
DROITE |
GAUCHE |
BAS |
HAUT |
INTERIEUR |
EXTERIEUR |
FACE |
DOS |
Il faut bien avoir à l’esprit qu’une chose est yin ou yang suivant la position qu’elle occupe par rapport à son élément de comparaison. Par exemple, la tête est plus yang que le tronc qui est lui-même plus yang que l’abdomen.
Le pas à gauche
Si le mouvement est plutôt associé au yang, ceci explique que ce soit la jambe gauche qui se met en mouvement au début de l’enchaînement du tai ji quan (par exemple dans le style yangjia michuan) et dans certaines formes de qi gong.
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(1) Ricci p 1096
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Sources :
Histoire de la pensée chinoise A.Cheng
Histoire du taoïsme I.Robinet
La chronobiologie chinoise Faubert et Crépon
Photos : pixabay
Les exercices de saison 2
Voici sous forme de tableau, un exemple concret de l’adaptation à la saison d’un même exercice ; l’exercice de relaxation taoïste ou méditation taoïste en position allongée convient parfaitement à la période hivernale. (pour la description de cet exercice voir Traité d'énergie vitale p 265-267)
Sa pratique ne se limite pourtant pas à cette seule saison, pendant les autres saisons, il peut servir également à restaurer l’énergie. Dans ce cas, le Yi (pensée chargée d’intention selon C.Jeanmougin) se focalisera pendant l’exercice sur les fonctions associées à la saison correspondante. Exemple, au printemps, cette relaxation en position allongée portera plus particulièrement sur le système musculaire. Pour les autres saisons se référer au tableau ci-dessous.
EXERCICE DE RELAXATION | |
SAISONS | INTENTION |
HIVER | OS ARTICULATIONS |
PRINTEMPS | MUSCLES |
ETE | CIRCULATION |
5ème SAISON | REEQUILIBRATION |
AUTOMNE | RESPIRATION (QI) |
Les exercices de saison vont animer la pratique du mouvement énergétique en cours. La théorie des 5 éléments sert ici de référence, ceci doit nous amener à prendre conscience des différentes potentialités de la pratique en ayant toujours à l’esprit l’adaptation de la technique ou de l’exercice à nos possibilités physiques du moment, à notre âge, en fonction de nos goûts, en fonction des moments de la journée. En respectant ceci, une pratique harmonieuse jusqu’à un âge avancé se conçoit tout à fait.
Voici sous forme de tableau les correspondances entre les saisons, les couleurs, les organes, les cycles de la vie et de la journée, et les postures avec les 5 éléments. A vous d’en étudier les correspondances avec votre propre cheminement.
ELEMENT | BOIS | FEU | TERRE | METAL | EAU |
SAISON | PRINTEMPS | ETE | 5ème Saison | AUTOMNE | HIVER |
COULEUR | BLEU/VERT | ROUGE | OCRE | BLANC | SOMBRE |
ORGANE | FOIE | COEUR | RATE | POUMONS | REINS |
PERIODES DE LA VIE | NAISSANCE | JEUNESSE | MATURITE | VIEILLESSE | FIN DE VIE |
PERIODES DE LA JOURNEE | MATIN | MIDI | APRES-MIDI | SOIREE | NUIT |
POSTURES | AGENOUILLE | DEBOUT | POSTURE CROISEE | POSTURE ASSISE | ALLONGE |
Pour en savoir plus sur les postures de méditation, cliquez ci-dessous :
http://corps-souffle-dao.over-blog.com/2014/03/s-asseoir-en-meditation-quelle-posture.html
A lire :
Les exercices de santé du kung fu G.CHARLES
Traité d’énergie vitale G.CHARLES
Yangjia michuan taiji quan tome 2 C.JEANMOUGIN
Yi jin jing Symbolisme T.Lambert
http://corps-souffle-dao.over-blog.com/yi-jin-jing-symbolisme.html