Tai ji quan et symbolisme 2 : le dragon et les sages
LE DRAGON ET LES SAGES
On relate que Confucius (Kong Fu Zi) et Lao zi se sont rencontrés, voici ce que Confucius répondit à ses disciples suite à sa visite à Lao Tan (Lao Zi) [1] : « J’ai vu cette fois le dragon dit K’ong tseu (Kong Fu Zi). Quand le dragon se ramasse, il forme un corps opaque ; quand il se détend, il forme de brillants dessins. Il chevauche les nuées et les vapeurs, se nourrissant de yin et de yang. J’en ai eu la bouche bée et ne pus la fermer, comment aurais-je pu lui faire la leçon ? »
Voici en partie ce que le vieil homme (Lao Zi) aurait dit à Confucius [2] ; une leçon de maître !
« Le véritable sage ne fait jamais parade de ses vertus ; il est simple et naturel dans toute sa conduite. Renoncez à ces grands airs prétentieux, à cet amour propre, à cette vie errante et ambitieuse. Quelle sottise de censurer sans relâche les travers d’autrui sans se rendre compte de la situation critique où nous réduisent nos propres défauts »
(on reconnait ici une profonde critique du confucianisme et de sa rigueur. De nombreuses anecdoctes et histoires racontent les éventuelles rencontres entre Lao Zi et Kong Fu Zi ; ces rencontres sont quelquefois sujettes à railler la doctrine et le personnage de Confucius)
Plus tard, Confucius sortit de son silence et s’adressa à ces disciples étonnés de son silence prolongé [3] :
« Le dragon change sans cesse de forme ; il apparaît et disparaît à son gré, il monte dans les nues, agit ou se cache, comme bon lui semble : que peut–on lui dire ? Je vois où l’oiseau s’envole ; je sais que le poisson descend au fond des eaux et que les bêtes fauves vont se tapir dans les fourrés ; mais je ne puis me rendre compte de la nature du dragon qui monte dans les cieux porté sur l’aile des vents et des nuages. Lao-tse est aussi insaisissable que la dragon »
On a pu surnommé Lao Zi « semblable au dragon » , Kong Fu Zi ne posséda jamais ce privilège, par contre le dragon acccompagna sa naissance. Deux dragons veillaient à droite et à gauche de la colline où naquit Confucius. L' apparition de dragons était considérée comme un bon présage.
La naissance de Kong Fu Zi fut tout d'abord annoncée par une licorne. La licorne appartient aux quatre animaux mythiques porte-bonheur ; comme le dragon c’est un animal composite :
corps de cerf couvert d’écailles
une, ou deux, ou trois cornes
queue de buffle
sabot ou cinq orteils
Son apparition annonce des événements heureux, la naissance de Confucius, au vu de son rayonnement encore intacte aujourd’hui semble le confirmer.
Si les sages ou les saints comme aime à les appeler le P.Doré ressemblent au dragon ; c'est qu'ils sont insaisissables tout comme leurs propos quelquefois. Le dragon possède avec le Dao ce point commun, la difficulté de les définir, c'est là l'importance des symboles qui par l'image ou les images qu'ils transportent font résonner en nous leur sens secret. Un maître de la voie pour désigner le Dao le décrivait ainsi[4] :
« De cet océan émergent deux dragons entrelacés : l’un mâle, éclatant comme le soleil, aux plumes d’or flamboyantes est le maître de l’activité ; l’autre femelle, brillant comme la lune, aux écailles d’argent, est l’adepte de la passivité… »