qu'est-ce que le tai ji quan (tai chi chuan)
Le Tai Ji Quan ou Tai Chi Chuan
Le tai ji quan (ou tai chi chuan) se classe dans les arts martiaux chinois internes. Ses spécificités, lenteur et fluidité des mouvements donnent à la forme du taiji quan cet aspect étrange et fascinant. Ce n'est pourtant pas une danse mais une succession de gestes dans l'espace, précis et codifiés, qui prennent leur source dans la pratique martiale.
LES ORIGINES DU TAI JI QUAN ou tai chi chuan
Il aurait été crée par Zhang San Feng (le maître des trois pics) suite à l'observation d'un combat entre un serpent et un oiseau. Le serpent prit le dessus grâce à ses mouvements souples et circulaires. Cette scène l'aurait convaincu de la suprématie de la souplesse sur la dureté. Ceci fait partie de la légende, les différents styles de tai ji quan sont le résultat de la réflexion et de la recherche de nombreux maîtres d'arts martiaux. Certains ont su faire école et imposer un style. Même si la forme des enchaînements diffère, les styles de tai ji quan ont tous en commun les mêmes principes exposés dans les textes classiques du tai ji quan écrits par les grandes figures de la discipline. D'art martial confidentiel, réservé à une famille ou à un clan, il a su ces derniéres décennies se diffuser hors de Chine. Il occupe maintenant une place toute particulière dans les techniques de santé.
YANGJIA MICHUAN TAI JI QUAN
Il s'agit du style de tai ji quan étudié dans le cadre de l'association., Le chef de file de cette école, le regretté maître WANG YEN NIEN de TAIWAN s'était promis de tout faire pour développer cet art qui était pour lui un héritage fabuleux. Maître Wang a formé de nombreux enseignants, un collège international et un collège européen regroupent les enseignants de ce style. Les enseignants du Yangjia Michuan ont conscience de la richesse contenue dans cette forme de tai ji quan et de leur responsabilité envers la transmission de ce "trésor" Ils respectent en accord avec l'enseignement traditionnel les autres formes et écoles de tai chi chuan et entretiennent avec eux des contacts cordiaux.
"J'aimerais que quelque soit le style de taijiquan que nous pratiquions, nous n'en venions pas à critiquer les autres styles, à proclamer que tel style est authentique, et tel autre ne l'est pas. Parce que tous ceux qui ont créé ces différents styles de taijiquan ont aujourd'hui disparu."
Wang yen nien
LA PRATIQUE
Elle se compose :
-
d'exercices préparatoires : Ji ben dong zuo composés d'étirements, de marches lentes, et d'enracinements
-
d'un enchaînement de base, les 13 mouvements ou 13 postures ou shi san shi)
-
du Grand enchaînement, composé de trois parties ou Duan
-
d'exercices de poussée des mains ou Tui shou
-
de la pratique de l'épée, du sabre, de l'éventail, de la perche du Tai Chi
La recherche du relâchement associé à la lenteur de l'exécution des mouvements favorise un profond travail respiratoire ; celui-ci participe à la libération des tensions et blocages qui entravent la libre circulation de l'énergie ou Qi
JI BEN DONG ZUO : LES EXERCICES DE BASE
Il s'agit d' exercices statiques et dynamiques visant à préparer le corps et l'esprit à la pratique de l'enchaînement. Même si ceux-ci restent relativement simples dans leur exécution, ils exercent une grande influence sur le corps et ses fonctions vitales.
LES 13 MOUVEMENTS OU 13 POSTURES (SHI SAN SHI)
Cet enchaînement est la quintessence des principes et des techniques du tai ji quan. Ces treize mouvements associent les huit gestes principaux (parer, tirer, pousser, presser, trancher, tordre, donner un coup de coude, donner un coup d'épaule), aux cinq déplacements (vers l'avant, vers l'arrière, vers le droite, vers le gauche, rester au centre).
Comme tous les arts chinois, il recèle aussi un sens symbolique. Le chiffre huit est associé aux huit trigrammes (ba gua) du Yi JING ( le traité des mutations, un des livres classiques de la Chine), le chiffre cinq quant à lui est associé aux cinq éléments de l'énergétique chinoise (eau, bois, feu, terre, métal). Ces cinq mouvements ou éléments sont reliés à cinq déplacements : vers l'avant pour le feu, vers l'arrière pour l'eau,vers la droite pour le métal, vers la gauche pour le bois, et rester au centre pour le terre. Une autre explication est donnée au sujet de ces 13 mouvements, dans le style yangjia michuan, l'enchaînement se compose de trois séquences de mouvements exécutées chacune dans quatre directions. Ceci donnant le chiffre 12 qui additionné à la posture de départ nous donne le chiffre 13.
De part sa richesse gestuelle et symbolique, ces 13 mouvements pourraient suffire à une bonne compréhension des principes et de la pratique du tai chi chuan.
LE GRAND ENCHAÎNEMENT : LE CHANG QUAN
Cet enchaînement traditionnel se compose de trois parties, il comporte cent vingt-sept séquences de mouvements, son exécution nécessite un peu plus d'une heure. La longueur de cet enchaînement s'explique par les répétitions de certains mouvements, un bon nombre des gestes composant l'enchaînement s'effectuent du côté droit comme du côté gauche permettant une régulation du corps dans son ensemble
LE TUI SHOU
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Le tui shou ou poussée des mains est la base de la pratique martiale du tai ji quan. Ces exercices avec partenaire donnent l'occasion de vérifier la compréhension des principes du tai ji quan:
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Relâchement
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centrage
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enracinement
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équilibre
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non-résistance
-
souplesse
LES ARMES DU TAI JI QUAN
Wang Yen Nien préconisait d'étudier les armes en commençant par la plus courte, pour ensuite étudier une arme moyenne et enfin une arme longue. Dans le style yangjia michuan, trois armes sont proposées, l'éventail ; arme de petite taille, l'épée ; arme moyenne, la perche ; arme longue. Il conseillait donc de commencer par l'éventail pour ensuite apprendre l'épée, et enfin la perche. Selon lui, l'apprentissage de l'éventail est envisagé que lorsque le pratiquant commence à apprendre la deuxième partie du grand enchaînement (2ème duan) L'épée, elle, est envisagée au niveau du début de la troisième partie de l'enchaînement (3ème duan) La perche est abordée lorsque l'épée est acquise.
La pratique de la perche est une pratique interne, bien que la perche du fait de sa taille possède une masse importante, il ne faut pourtant pas pratiquer en utilisant de la force musculaire. L'expression des gestes se fait en utilisant la force interne. Il est donc impératif d'avoir préparer le corps et l'intention grâce à l'exécution régulière des formes (grand enchaînement, éventail, épée) avant d'aborder cette pratique.
YANNIAN TAI JI SHAN : l'éventail de maître Wang Yannian
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Wang Yen Nien (ou Wang Yannian) a crée cet enchaînement à partir d'éléments de la forme à mains nues, du bâton et de l'épée. Grâce à ces mouvements d'ouverture et de fermeture de la partie supérieure du corps, il favorise grandement la fonction du réchauffeur supérieur (coeur et poumons).
Yen Nien les deux idéogrammes que l'on trouve peints sur les éventails se traduisent par longue vie. Une des traductions possible de Yannian tai ji shan serait "l'éventail de longue-vie du tai ji" Ceci souligne l'importance de cet enchaînement par rapport à la santé.
KUN LUN TAI JI LAO JIAN JUE : tai ji de Kun Lun
(technique ancienne de l'épée.)
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Cet enchaînement de quelques trentaine de minutes se divise en huit parties, chacune d'entre elles est associée à une technique de l'épée, CI, PI, LIAO, ZHA, MO, DUO, TIAO, HUA. Pour en savoir plus à télécharger :
STYLE WUDANG DE L'EPEE DU TAIJI
Communément appelée l'épée nouvelle, elle a été crée en effet par maître Wang Yen Nien dans les années 70, elle se compose de 60 mouvements.
LE SABRE DU TAI JI : TAIJI DAO
Cet enchaînement a été rapporté de Taiwan par C.JEANMOUGIN. Il lui a été transmis par maître XIE de Taiwan. Il ne faisait pas partie des armes enseignées dans le style Yangjia michuan, mais il appartient tout de même à la tradition de l'école Yang. Il a donc toute sa place ici.
AUTRE ARME LE BÂTON SOURCIL : QI MEI GUN
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Cet enchaînement a également été rapporté de Taiwan par C.JEANMOUGIN. Il lui a été transmis par maître XIE de Taiwan. Cet enchaînement rattaché au courant Shaolin est composé de 36 séquences de mouvements, il propose une pratique dynamique du bâton.
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EN SAVOIR PLUS
sur le taiji quan et le style Yangjia michuan taiji quan :
http://taijiquan.free.fr
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Sources photo
Pixabay
Auteur
Quelle est la différence entre la taiji quan et le qi gong ? 3
Un croquis en dit quelquefois plus qu'un long discours, on peut trouver néanmoins ceci un peu court, pour en savoir alors un peu plus cliquez ci-dessous :
http://www.lebambou.org/article-4361081.html
Quelle est la différence entre le tai ji quan et le qi gong ? 2
LES TAIJI QUAN ou TAI CHI CHUAN
Pour le taiji quan aussi, il semble difficile de parler de taiji quan au singulier sans simplification abusive, ils se présentent sous des formes assez différentes les unes des autres regroupées en styles ou écoles. Quelques précisions sur l’école et le style s’imposent, on peut faire du tai chi, pendant que d’autres pratiquent le taiji quan ou le tai chi chuan, certains étudient le style YANG du taiji quan, alors que d’autres s’intéressent au yangjia michuan taiji quan (école secrète de la famille YANG) pendant qu’un certain nombre s’initie au style CHEN. Tout ceci n’est qu’une affaire de mots, nous dira t’on, pourtant cela recouvre des pratiques assez dissemblables bien qu’elles possèdent en commun des principes théoriques écrits par les grandes figures de la discipline. Pour le candide, toutes ces formes semblent se ressembler, pour un regard averti ce ne sont pourtant pas la même chose.
Paradoxalement on peut trouver des ressemblances entre les formes enseignées dans le style yangjia michuan, école de taiji quan et les formes issues du Ling Bao Ming et du xing yi quan de l’école San Yiquan. Le tableau ci-dessous montre les similitudes entre quelques exercices des formes préparatoires des deux écoles, on peut noter aussi une posture essentielle identique, la posture appelée « San Ti » de l’école San Yiquan et le premier geste du grand enchaînement du style yangjia michuan appelé « dévier la main vers le bas »
TABLEAU COMPARATIF
FRAPPER AVEC LE TALON PUIS ETIRER LA JAMBE |
OUVRIR LE CORPS |
FLEXION AVANT DU CORPS |
ENROULER ET DEROULER LE RACHIS |
PRENDRE LE TIGRE DANS SES BRAS ET LE RAMENER DANS LA MONTAGNE |
REMPLIR LA FACE VIDER LE DOS |
POSITION D’ENRACINEMENT |
TRAVAIL ENERGETIQUE SUR LES CINQ PALAIS |
ECHANGE ENTRE ZHANG QINLIN
ET WANG ZHANG ZAI ?
Zhang Qinlin
Il est difficile de mesurer ces échanges qui ont pu s’effectués entre ces deux écoles. Rappelons que WANG ZHANG ZAI a été l’élève de ZHANG QINLIN et cela uniquement en technique de tui shou. Il possédait à l’époque une grande valeur martiale et visitait les maîtres renommés de l’époque.
Wang Zhang Zai
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Ces deux écoles ont également ceci en commun, c’est la bascule antéropostérieure du bassin à travers les mouvements des formes préparatoires (ji ben dong zuo pour le style yangjia michuan et yi yin fa et dao yin qi gong pour l’école San Yiquan) et aussi à travers les mouvements des formes martiales (style yangjia michuan taiji quan et xing yi quan du style spontané de l’école San Yiquan). Le style yangjia michuan se distingue des autres styles de taiji quan par cette particularité.
LE QI GONG ET LA TAIJI QUAN AUJOURD'HUI
Les qi gong et arts martiaux chinois sont maintenant implantés dans la majorité des pays, les bouleversements politiques anciens et récents ont provoqués l’expansion de ces techniques à travers l’Asie, l’Amérique et enfin L’Europe. De pratiques confidentielles réservées à la famille, elles sont devenues pour certaines de véritables organisations regroupant de nombreux pratiquants, elles favorisent des échanges entre les pratiquants de tous horizons, de toutes origines, et de toutes nationalités. On peut regretter la volonté actuelle de vouloir transformer ces techniques en pratiques sportives compétitives. Elles sont pour encore de nombreux pratiquants un espace de liberté favorisant comme l’indique la tradition
«respect et prospérité mutuelle»
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Sources :
Caractères chinois WIEGER
Chi kung la maîtrise de l’énergie interne R.HABERSETZER
Dictionnaire français de la langue chinoise Institut Ricci
Ji ben dong zuo exercices de base Yangjia michuan C.JEANMOUGIN
Histoire de la pensée chinoise A.CHENG
Histoire 1 à 10 Fascicules de l’ Ecole Française de Taiji quan G.CHARLES
Huit exercices simples de qigong pour votre santé Dr YANG JWING-MING
Traité d’énergie vitale G.CHARLES
Hsing I chuan G.CHARLES
Yangjia michuan taiji quan volume 1 WANG YEN NIEN
Sources photo :
Livre de poche des bases essentielles du Yangjia michuan taiji quan
I-Chuan Yu Yong Nian
istockphoto
Quelle est la différence entre le tai ji quan et le qi gong ? 1
Il s'agit de la sempiternelle question posée par les personnes s'essayant pour la première fois aux techniques internes chinoises. Ces disciplines ne sont guère connues et appellent beaucoup de questions de la part des nouveaux venus. Nous sommes donc souvent questionnés sur ce sujet, il n'est pas toujours facile d'y répondre en quelques mots ni même en quelques phrases, les techniques chinoises sont difficiles à étiqueter et c'est tant mieux, ceci prouve leur richesse. La question parait simple au premier abord, en fait elle devient redoutable si l'on veut y apporter une réponse viable, nous allons tenter d'y répondre le plus précisément possible.
QU'EST-CE QUE LE QI GONG ?
Qi gong se compose de deux idéogrammes, le premier idéogramme QI 氣 se traduit par :
-
Vapeur; exhalaison; fluide (phys., chim) Gaz Air (atmosphérique)
- Haleine; souffle
- L'esprit, la vie qui anime le corps humain
-
(Med. chin.) Esprits vitaux; fluides; humeurs
-
(Philos). De ZHU XI L'élément le plus subtil qui entre dans la composition de toutes choses. (Ricci 485)
Suivant Wieger, il prend le sens de : air, gaz, vapeurs, esprits animaux, passions, les deux principes, le destin (Wieger p849),
Du point de vue étymologie, QI 氣se compose de deux idéogrammes :
Le premier :
QI![]() |
Prend le sens de air, vapeur (Wieger p 849) |
Ce sont des vapeurs qui montent de la terre et qui vont former dans le haut les couches de nuages. (Wieger p241) |
Le deuxième :
MI ![]() |
signifie : Graines de céréales. |
Le caractère figure | quatre grains![]() |
dont ![]() |
Nous avons donc pour QI :
![]() |
Vapeurs qui s'élèvent du |
![]() |
grain cuit chaud ((Wieger p 241)
|
Nous trouvons pêle-mêle dans cette évocation du QI :
-
Des vapeurs qui s'élèvent jusqu'au ciel formant les nuages, ceci nous fait irrémédiablement penser au cycle de l'eau
-
La graine contient tous les potentiels, de l'unité (le grain) vers la multitude (l'épi).
Le deuxième idéogramme GONG se traduit par :
-
Oeuvre. Effet. Résultat. Mérite (Ricci 2873)
-
Oeuvre méritoire (Wieger p795)
Il se décompose en deux idéogrammes, le premier :
GONG![]() |
c'est l'image de l'équerre antique. Par extension travail, oeuvre, agencement, objet en général. Car dit la glose l'équerre donne leurs figures à toutes choses : elle forme l'angle droit qui forme des carrés lesquels forment les cercles. (étymologie Wieger 82) |
Le deuxième :
LI ![]() |
le sens donne : force musculaire, vigueur, énergie physique, force, pouvoir, capacité puissance (Ricci 3006) |
Etymologiquement nous trouvons : tendon ; par extension forces. Les deux lignes latérales et le trait transversal figurent la gaine. (Wieger p143) |
Nous trouvons donc associé à l'idéogramme GONG :
-
L'équerre, à l'origine de toutes les formes, carré ou cercle, yin ou yang
-
Le tendon, qui en se contractant met en mouvement.
-
force, énergie physique émanant de la fonction musculaire
-
La gaine du tendon, donc les fascias.
Voici quelques propositions de traduction pour QI GONG :
-
travail en relation avec l'énergie
-
travail du souffle ou technique de souffle (en relation avec la vie, le mystère de la vie)
-
mise en mouvement des souffles
-
entretien des souffles ou des énergies
Le souffle ou les souffles se nuancent entre force et douceur, ciel et terre, yin et yang, espace et temps, inspiration et expiration. Si la traduction de gong en travail semble convenir, gardons à l'idée le temps passé à cette oeuvre ainsi que le mérite obtenu par ce travail. Seule la persévérance apporte des fruits, c'est valable aussi en qi gong. La proposition de travail du souffle pour qi gong pourrait convenir à un bon nombre de disciplines puisqu'à partir du moment où on développe une activité, on agit sur l'énergie, le souffle. Des précisions s'imposent, nous allons voir que le qi gong se conjugue au pluriel.
LES QI GONG
Plutôt que de parler du qi gong, parlons plutôt des qi gong, ils forment des courants, auxquels sont rattachées des écoles ; l'ensemble de ces courants constitue un foisonnement de pratiques quelquefois dissemblables. Le tableau ci-dessous nous procure une vue d'ensemble de ces pratiques.
Le souci de classification peut nous amener à différencier les formes :
nei ![]() ![]() |
|
(littéralement travail interne) appelés aussi nei jia ou styles souples |
et les formes
wai ![]() ![]() |
(littéralement travail externe) appelés également wai jia ou aussi styles durs. |
Les formes de nei gong se pratiquent avec peu de dépense énergétique, alors que les formes de wai gong sollicitent plus fortement le corps. Qualifier des formes de nei gong revient à les associer au fait que dans le passé les moines taoïstes ne quittaient pas leur famille et pouvaient rester à l'intérieur de celle-ci, de plus la pensée taoïste est d'origine chinoise, donc interne à la Chine. Qualifier des formes de wai gong revient à les associer à la pensée du Bouddha, forme de pensée dont l'origine est extérieure à la Chine et dont les adeptes quittaient leur famille et vivaient donc en dehors de celle-ci. Les nei gong se pratiquent sans utilisation de force musculaire, la force dite « interne » (le qi) est développée à partir de l'abdomen, elle circule ensuite dans le reste du corps, ceci à travers des exercices de méditation et des formes en mouvement. Dans les formes de wai gong, l'accent est mis sur la structure corporelle (muscles/tendons/os) à travers des exercices sollicitant fortement le corps. Dans les écoles martiales, certains exercices vont jusqu'à chercher à renforcer le corps afin de le rendre insensible aux coups portés.
Associer le nei gong aux techniques issues du courant taoïste et le wai gong aux techniques d'origine bouddhiste n'est pourtant pas tout à fait juste étant donné que l'on peut trouver des formes de nei gong et des formes de wai gong dans une même école. Dans le style Yangjia michuan
l'enchaînement du taiji quan est associé à une technique respiratoire appelée Tu Na issue des techniques de nei gong. Ceci permet ici d'unir l'interne (la respiration) et l'externe (les mouvements du taiji quan) Dans la tradition de l'école CHEN, style de taiji quan considéré comme fondateur des styles de taiji quan, nous trouvons pourtant des dénominations de mouvements faisant référence au bouddhisme. Voici ces noms de mouvements appartenant aux enchaînements de cette école ; « Jingang martèle » et « tourner le corps et balayer le lotus » Ce fait n'est pas réservé à l'école CHEN puisque nous trouvons également des noms de mouvements faisant référence au bouddhisme dans les enchaînements du style yangjia michuan. Paradoxalement c'est dans deux enchaînements d'épée inspirés par le mont Wudang, haut lieu du taoïsme et les monts Kunlun que l'on peut trouver le mouvement « l'enfant vénère le Bouddha » Ces deux exemples concernant le style yangjia michuan et l'école CHEN nous montre qu'il n'est pas possible d'enfermer les techniques chinoises dans des catégories rigides. Plus de détails sur les différentes appellations ou dénominations du qi gong, cliquez ci-dessous.
QI GONG MARTIAL/ QI GONG DE SANTE
L'enseignement des arts martiaux chinois prend en compte ces deux composantes ; l'aspect martial et l'aspect santé, nous trouvons dans ces écoles des exercices codifiés appelés dao ou duan constitués de gestes précis dont les applications peuvent servir au combat. Ces écoles traditionnelles de gong fu wu shu dont fait partie le taiji quan utilisent des exercices préparatoires spécifiques à leurs écoles respectives, ceci afin de préparer le corps et l'esprit à la pratique des enchaînements. Ces exercices portent des noms différents suivants les écoles : ji ben dong zuo, ou bien dao yin qi gong, ou même zhan zhuang gong ; La tendance moderne est d'abandonner ces exercices traditionnels au profit de pratiques influencées par les méthodes occidentales (stretching, musculation, etc.). Pourtant certaines de ces formes traditionnelles possèdent encore un grand renom auprès des pratiquants, elles sont souvent qualifiées de « classiques », ce sont les Ba Duan Jin, Yi Jin Jing, Zhan Zhuang Gong comme la posture de l'arbre, ou Wu Qing Xi, etc... Chacune de ces formes est rattachée à une personnalité majeure des arts et techniques chinoises ; au général YUE FEI pour le Ba Duan Jin, à BODDHIDHARMA pour le Yi Jin Jing, à WANG ZHANG ZAI pour le Zhan Zhuang, et enfin au docteur HUA TUO pour le Wu Qin Xi, ce dernier étant considéré comme l'origine des arts martiaux chinois du courant Shaolin. Ces pratiques sont également appelées exercices de santé chinois, gymnastiques traditionnelles chinoises, yogas chinois, gymnastiques taoïstes, yogas taoïste, maîtrise de l'énergie, techniques psychosomatique, maîtrise du souffle et le plus souvent tout simplement qi gong ! Ils forment maintenant une discipline à part entière, même s'ils continuent à servir de formes préparatoires dans les écoles martiales.
QI GONG ET PHILOSOPHIE
Les qi gong s'inspirent des règles fondamentales provenant de la théorie de l'énergétique chinoise exposée dans le Nei Jing Su Wen, texte daté de 4000 ans avant J.C. Ce texte continue encore à notre époque à guider les acupuncteurs et médecins traditionnels. La théorie de l'énergétique chinoise a été fondée suite à l'observation de la nature, de l'étude du macrocosme et du microcosme. Elle est le résultat d'études empiriques qui ont prouvé par les résultats obtenus leur bon sens et leur efficacité. Le monde asiatique se soigne pour en grande partie avec ces méthodes traditionnelles (massages, pharmacopée, acupuncture, pratiques de santé) tout en faisant aussi confiance aux méthodes occidentales. Les qi gong ne sont pourtant pas la panacée La grande partie de ces exercices sont avant tout des pratiques d'entretien de la santé et pour certains aussi des méthodes d'auto défense. Le Nei jing su wen n'est pas le seul texte qui a pu inspirer la discipline ; les classiques comme le Dao De Jing de Lao Zi, le Zhuang Zi, le Lie Zi, le Yi Jing pour ne citer que les plus importants décrivent des pratiques permettant de conserver son énergie vitale. Voici quelques exemples de ce que l'on peut trouver au hasard de ces lectures.
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Zhuang Zi (369-286 avJ-C) s'exprime ainsi dans son chapitre XV : »...qui expire et aspire en soufflant fort et en soufflant faible, qui crache l'air vicié et absorbe l'air frais, qui se suspend comme un ours et s'étire comme l'oiseau, celui-là ne recherche que la longévité. Tel est l'idéal de ceux qui veulent nourrir leur corps en l'étendant et en le contractant. Peng-tsou en fournit le meilleur exemple. » Les annales des Hans postérieurs (25-220apJC) relatent que le docteur Hua Tuo (111-208) aurait créé une série de mouvements imitant des animaux appelée le Wu Qin Xi (le jeu des cinq animaux) Dans cet extrait de sa biographie, Hua Tuo s'adresse à son disciple Wu Pu : « Le corps a besoin de mouvements modérés. En le remuant et le balançant de droite et de gauche, le souffle issu des céréales est convenablement réparti et assimilé. Le sang circule bien, et les maladies ne peuvent pas naître. Il en est du corps humain comme du gond d'une porte qui ne rouille jamais. C'est pourquoi les taoïstes pratiquaient des mouvements gymniques (dao yin) Ils imitaient les mouvements de l'ours, faisaient mouvoir toutes les articulations et les passes du corps afin d'éviter le vieillissement. J'ai moi-même une technique appelée jeu des cinq animaux (wu qin xi) c'est-à-dire le tigre, le cerf, l'ours, le singe et l'oiseau. Elle permet d'éliminer les maladies de d'accroître le bon fonctionnement des membres inférieurs. Dès qu'un désordre est ressenti dans le corps, il convient d'exécuter le jeu d'un animal jusqu'à transpiration. Si l'on transpire beaucoup, il convient de s'enduire le corps de poudre. Après cela, le corps devient léger, vigoureux et l'appétit revient »
QI GONG ET MEDECINE
Les recherches des médecins comme Hua Tuo, Ge Hong ou Sun Si Mao et bien d'autres ont ouvré pour la reconnaissance des qi gong pour leur utilisation médicale afin de guérir troubles ou maladies. A l'époque des Tang (618-907) Sun Si Miao fit inclure certaines pratiques taoïstes dans l'enseignement des facultés de médecine. Certains qi gong font partie de l'arsenal thérapeutique du médecin chinois au même titre que la diététique, les massages, l'acupuncture, la pharmacopée. A notre époque la situation perdure et certains exercices servent dans les hôpitaux ou cliniques chinoises à soutenir les malades dans leur processus de guérison. Par contre depuis l'instauration du régime communiste, ils ont été débarrassés de leur gangue culturelle ou philosophique. Le taoïsme, le bouddhisme ou le confucianisme ne font pas bon ménage avec l'idéologie communiste.
Sur le sujet de l'utilisation du qi gong comme moyen thérapeutique, écoutons C.Despeux « L'emploi thérapeutique du terme date seulement de 1936, un certain Dong Hao publie à Hangshou un ouvrage intitulé Thérapeutique spécifique pour la tuberculose ; le qi gong. En décembre 1955, le ministère chinois de la santé reconnaît officiellement l'intérêt thérapeutique du qi gong et encourage sa pratique »
LE DAO YIN QI GONG : DEFINITION
DAO | ![]() |
(Ricci 4767) Route, voie, chemin, voie à suivre, principe, règle, droite raison, règle des actions humaines, doctrine, moyen, méthode, procédé, conduire, diriger, gouverner. |
Le Ricci propose aussi une définition philosophique du terme :
« La réalité et le mouvement spontané de ce qui existe (la voie qui ne peut être appréhendée par l'esprit discursif, est manifeste dans le devenir naturel et s'impose à l'homme en le rendant à lui-même) »
C'est peu dire du « chemin » à parcourir pour un esprit cartésien afin d'approcher cet aspect philosophique.
Etymologiquement, le caractère se compose
marcher pas à pas(Wieger 112 E) | ![]() |
Le caractère ancien représente trois pas | |
La tête ornée d'une chevelure(Wieger 160 A) | ![]() |
Selon Anne Cheng, chaque courant de pensée chinois possède son Dao, le monopole du concept n'appartient donc pas au courant taoïste. La voie pour les confucéens consiste à faire régner le Ren (caractère signifiant homme composé du caractère homme et de celui signifiant deux, l'homme devient humain que dans sa relation avec autrui) Les moïstes cherchent l'intérêt du plus grand monde tandis que les légistes veulent imposer la même loi à tous. Pour les taoïstes dont Lao Zi et Zhuang Zi, ils appellent à être à l'écoute du Dao en pratiquant le wu wei (le non agir) Le non agir c'est ce que Lao Zi appelle l'agir sans traces car celui qui sait marcher ne laisse pas de traces.
YIN | ![]() |
(Ricci 5778)
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YIN DAO |
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Il s'agit sans conteste d'un programme beaucoup plus ambitieux que celui de se maintenir simplement en bonne santé. L'immortalité ou la recherche de la longévité a été une des grandes préoccupations des taoïstes.
![]() |
YIN étymologiquement se décompose en deux images : |
tirer à soi | ![]() |
la corde d'un arc (Wieger 87) | ![]() |
||
ceci prenant le sens de : attirer à soi conduire induire séduire |
Les dao yin demeurent comme l'ensemble des arts martiaux traditionnels chinois des applications de la philosophie.
« Au début est l'action » affirme
WANG YANG MING
Xing Yi se traduit par « agir est facile »
Ces méthodes privilégient l'action, on serait tenter de leur donner l'appellation de philosophie d'action, l'esprit et le corps agissant de concert (la tête ornée d''une chevelure marche pas à pas) Cette action s'exprime pourtant à travers un paradoxe ; le wu wei, le non agir, l'agir sans l'agir ; ce wu wei à l'origine est né d'une réponse à la force, à la violence des périodes troublée de la Chine antique. Ce même idéal se retrouve dans les termes gong fu (habileté dans le travail) et wu shu (s'opposer à la violence) Les pratiques visent à l'obtention du Zi Ran ; la spontanéité ou le naturel. L'idéogramme Zi représente le nez humain, il prend le sens de point de départ, origine, commencement, évolution, succession puisque le nez est d'après l'embryologie chinoise le commencement de l'homme, le pivot de sa genèse. (Wieger 159) Pour parvenir au Zi Ran, il s'agit de retourner à l'origine, à l'origine de soi, à l'origine du monde. Le retour est le mouvement du Dao.
Il a pris le sens de : travail, labeur, temps mis à une oeuvre (Wieger p815)
Taiji Quan (tai chi chuan) / Etymologie et sens
ETYMOLOGIE DES CARACTERES
Etymologie de l'idéogramme TAI
vient du pictogramme Da ![]() |
représente un homme adulte debout avec son corps[1], ses jambes et ses bras. Le sens étendu du caractère Da est la taille d’un adulte (par opposition avec celle d’un enfant) |
Etymologie de l'idéogramme JI
L'idéogramme Ji peut se décomposer en deux idéogrammes ; Mu et Ji
![]() |
figure d'un arbre. En haut les branches, en bas les racines, au milieu le tronc. Sens étendu, bois (Wieger 119) |
Cet idéogramme est aussi à l'origine de nombreux autres idéogrammes, ils représentent quelques 7 pages dans le dictionnaire antique k'ang-hi , c'est dire la place importante donnée à l'arbre par les chinois.
![]() |
selon Wieger veut dire hâte, presse, émoi, extrémement, |
![]() |
prenait le sens de : Activité, mise en oeuvre des facultés, lutte pour l'existence. |
Elle-même se décompose en | ![]() |
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Etymologie de l'idéogramme QUAN
Il se compose de deux idéogrammes |
![]() Shou c'est une main/paume vue de face (Wieger leçons étymologiques 48) |
![]() Quan trier avec les mains pour choisir le meilleur (Wieger 47k) choisir, tirer avec les mains (Wieger 123c) D'un point de vue martial, un poing qui se ferme peut préfigurer une frappe ou exécuter une saisie. |
LE SENS DES CARACTERES
TAI
Ricci 4660
Grand, le plus grand, suprême, extrême, très, extrêmement, trop, démesurément, terme de respect pour les personnes de génération antérieure élevées en dignité
JI
Ricci 392
Poutre faîtière, faîte, le point le plus élevé, sommet, apogée, le plus haut degré, la plus haute perfection, le faîte du pouvoir, le trône, extrêmement, très, au plus haut point, au comble de l’extrême, les extrémités, les points les plus reculés de l’univers, de la terre et de l’empire.
QUAN
Ricci 1383
Poing, main fermée, boxe.
Quelques propositions de traduction des idéogrammes taiji quan :
Poing du grand faîte
Le plus haut degré de la boxe
La boxe du Taiji
De nombreuses définitions ont pu naître sous la plume des auteurs, les premiers ouvrages sur le taiji quan datent du début des années soixante-dix, en voici quelques unes :
Technique de longue vie, art martial, gymnastique chinoise, danse du Tao, boxe de l’ombre, boxe des fantômes, discipline psychosomatique, technique thérapeutique, art de longue vie, yoga chinois, danse rituelle, art, boxe molle...
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SOURCES :
Caractères chinois Wieger Taichung 1978
Dictionnaire français de langue chinoise Institut Ricci Ricci-Kuangchi Press
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[1] Voir leçons étymologiques 60 Wieger
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