CHERCHER L’AIGUILLE AU FOND DE LA MER ; REFERENCE A LA PERIGRENATION VERS L’OUEST DE WU CHENG’EN
LE TEXTE
Mission difficile si l’on prend cette expression au pied de la lettre, moins aisée que de la chercher au milieu d’une botte de foin. Plus sérieusement ce mouvement fait référence à un passage du livre Xiyou ji (la pérégrination vers l’ouest) de Wu Cheng'en (1505-1580).
Ce texte appartient aux « quatre livres extraordinaires » qualité qu’il partage donc avec « L’histoire des trois royaumes », « Au bord de l’eau », et « Le rêve dans le pavillon rouge ». Il décrit l'expédition en Inde, au VIIe siècle, du bonze Xuanzang (602-664) accompagné par le singe Sun Wukong, le cochon Zhu Bajie, et le bonze Shaseng
LA RECHERCHE D'UNE ARME A SA CONVENANCE
Parmi les innombrables aventures et péripéties contées dans cet ouvrage, celle qui nous occupe conte la recherche par Sun Wukong d’une arme à sa convenance. Sur les conseils des quatre vieux singes qui sont ses vénérables conseillers, il part rencontrer le roi-dragon de la mer orientale, selon ceux-ci ce roi détiendrait une arme en rapport avec sa force, Sun Wukong déclina successivement sabre, fourche à neufs dents, hallebarde, armes regardées comme trop légères pour cet immortel. Le roi-dragon restait sans voix et sans solutions face aux exigences de Sun Wukong. La situation se débloqua enfin lorsque la mère du roi-dragon se souvint qu’une masse de fer magique était entreposée parmi leur trésor, celle-ci avait servi à niveler la voie lactée, et Yu le grand ([1]) lui-même l’aurait utilisée afin de fixer le niveau des mers et des rivières, cette arme magique semblait destinée à régler les affaires du ciel et de la terre.
Ce pilier de fer nommé « bâton magique à pommeaux d’or » avait la particularité de répondre aux requêtes de Sun Wukong, il obtenait à l’appel de sa voix une arme selon sa convenance adaptée au besoin du moment. Il pouvait ainsi la transformer en aiguille qu’il dissimulait derrière son oreille, ni vu ni connu, une arme terrible réduite à une simple aiguille inoffensive, quelle arme redoutable ! Quelle malice de notre roi-singe !
Cette aiguille au fond de la mer évoque donc l’arme fétiche de Sun Wukong. Il pouvait aussi la transformer en redoutable masse atteignant en haut le trente-troisième ciel en en bas le dix-huitième creux de l’enfer, il s’en servit à l’occasion d’argument de « poids » afin de se retirer lui-même du registre du roi des morts afin de pouvoir jouir sans limite de son immortalité, encore une de pitreries..
Ces deux épisodes, l’entretien avec le roi-dragon et celui du registre, lui couta une convocation par l’empereur de jade, mais pour tout savoir sur la suite, il vous faudra lire ces aventures dans le Xiyou ji !
LE MOUVEMENT "CHERCHER L'AIGUILLE AU FOND DE LA MER" (style Yangjia michuan taiji quan)
La pique des doigts index et majeur réunis fait penser à une aiguille, le fait de lier deux doigts et de les diriger dans une direction précise exprime une concentration de l’énergie, on trouve cette position de doigts dans la plupart des techniques d’armes du taiji quan, dans la forme de l’épée cette position est considérée comme une deuxième épée, destinée à viser les points vitaux du corps.
Dans le geste « chercher une aiguille au fond de la mer » cette pique des doigts vient appliquer une pression vers le coup de pied de l’adversaire. Le fait de baisser la main permet quant à elle une libération de saisie de la main ou du poignet.
Le mouvement descendant symbolise la descente au fond de la mer afin d’y ramener cette aiguille magique.
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A LIRE
Le singe pèlerin ou le pèlerinage d’Occident Wou Tch’eng-En
En BD Le voyage en Occident T1 la naissance du roi singe Chen Weidong et Peng Chao
et Le dieu singe volume 1 Morvan et Jian Yi
A VOIR
En DVD le royaume interdit de Rob Minkof
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Sources photos
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[1] Ancêtre de la culture chinoise, Da Yu fonda la dynastie Xia 2207-1766