LITTERATURE ET EPEE
Les textes attribués aux taoïstes Lao Zi, Zhuang Zi et Lie Zi ont été écrits à des périodes troublées où
Dans le Dao De Jing, Lao Zi s’exprime de façon catégorique sur les armes ; selon lui, ceux qui se conforment au Dao ne se servent pas d’armes. Celui qui s’en est servi et a pu ainsi gagné la guerre ; le général en chef, doit se placer toujours selon Lao Zi à la droite de l’empereur ; cette place est celle du conducteur des deuils, il lui incombe de pleurer les morts.
Zhuang Zi afin que le roi Wen puisse prendre conscience de son erreur d’abriter chez lui des bretteurs, lui décrit trois types d’épée :
- l’épée du Fils du Ciel
- celle du feudataire (au service de l’empereur)
- celle de l’homme du commun (le bretteur)
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Le roi WEN, roi de Zhou aurait vécu aux alentours de 1000 av J.C, il interpréta les hexagrammes en donnant des conseils précis sur la conduite à suivre suite à la divination dans la partie du Yi Jing appelée « le jugement». On attribue à son fils le duc de Zhou le texte consacré aux traits des hexagrammes.
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L'EPEE DE L'EMPEREUR
« …Qu’est-ce que l’épée de l’empereur ? demanda le roi [1]…C’est fit Tchouang-tseu[2], celle qui couvre tout à l’intérieur des quatre frontières, celle qui s’étend jusque sur les barbares limitrophes, celle qui règne des montagnes de l’ouest à la mer orientale. Suivant le cours des deux principes[3] et des cinq éléments, les lois de la justice et de la clémence, elle se repose au printemps et en été (saisons des travaux), elle sévit en automne et en hiver (saisons des exécutions et des guerres). A ce glaive tiré de son fourreau et brandi, rien ne résiste. Il force tout être à la soumission. C’est là l’épée de l’empereur… »
Cette épée symbolise la toute puissance de l’empereur exerçant justice mais aussi clémence sur ses sujets maintenant les barbares au delà des frontières.
L'EPEE DU FEUDATAIRE
« …Le roi Wen confondu demanda : à quoi ressemble l’épée du feudataire ? [4] C’est dit Tchouang-tseu, l’épée dont les braves représentent la pointe, les intègres le tranchant, les sages le dos, les fidèles la garde, le héros la poignée. Il n’y a rien qui tienne devant elle quand on la pousse d’estoc, ni au-dessus d’elle quand on la brandit. En haut, elle prend pour modèle le ciel rond et se conforme aux trois corps lumineux (soleil, lune et étoiles) ; en bas, elle prend pour modèle la terre carrée et se conforme aux quatre saisons ; au milieu, elle répond à la volonté générale du peuple et pacifie ainsi le pays entier. Quiconque se sert d’elle fera effet d’un coup de tonnerre. Tous les habitants d’entre les quatre frontières se soumettront aux feudataires et écouteront leurs ordres princiers. Telle est l’épée du feudataire… »
Elle symbolise la fidélité et l’allégeance des princes envers l’empereur et la magnanimité envers le peuple, Elle se modèle sur le ciel et la terre, sur les énergies célestes et les énergies terrestres. Sa force s’exprime par le tonnerre et impose le respect.
L'EPEE DU VULGAIRE
« …Et l’épée du vulgaire, qu’est-ce ? demanda le roi [5]…C’est dit Tchouang-tseu, le fer qui est aux mains de certains hommes, qui portent un turban à gland et un pourpoint étroit ; qui roulent des yeux féroces et ont le verbe très haut ; qui se coupent la gorge, se percent le foie ou les poumons, dans des duels sans buts ; qui s’entre-tuent, comme font les coqs de combat, sans aucune utilité pour leur pays… »
Elle symbolise les hommes qui tuent aveuglement, ils sont sans foi ni loi, exerçant leur courroux, bafouant les lois du ciel et de la terre.
Cette classification de trois épées décrit l’organisation féodale de
- l’empereur ou le roi ; tout puissant
- les princes feudataires soumis à l’autorité suprême possèdent les terres
- l’homme d’armes ou le soldat. Dans l’Antiquité chinoise c’était la plus basse classe sociale, celle permettant d’éviter la mendicité.
LE DISCOURS SUR L'EPEE DE ZHUANG ZI
Zhuang Zi était une fine lame ; dans son « discours sur l’épée » [6] il dévoile la subtilité de son art :
« …Mon art dit Tchouang Tseu consiste en ceci : je fais voir mon vide ; j’ouvre le combat en attirant mon adversaire par un avantage apparent ; l’attaque le dernier mais je touche le premier… »
On peut mettre en parallèle cet extrait du Zhuang Zi avec une note apportée par Wang yen Nien à un texte de taiji quan ; « les secrets des cinq principes » de Li Yixu. Li Yixu expose la primauté de l’intention (le Yi) sur l’usage de la force. Wang Yen Nien ajoute cette note :
« Si l’autre bouge, je bouge aussi, mais le premier »
On peut voir l’importance de l’observation, du regard intérieur qui peut pénétrer l’autre et ainsi sentir ses moindres mouvements et pouvoir ainsi le devancer dans ses actions. La condition première selon Li Yixu demeure le calme de l’esprit, la pensée (Yi) dirige et non pas la force (jin).
A la fin de l’Antiquité apparaît une nouvelle classe sociale importante qui va marquer
LE WEN ET LE WU
Ces deux termes ne s’opposent pas bien qu’on puisse le croire au premier abord, comme le yin yang, ils se complètent. Ils semblent avoir influencer les arts chinois, subtil équilibre entre la force et l’esprit.
LE WEN
WEN
|
(Ricci 5535 ; lignes, dessins, veines dans le bois ou la pierre, idéogrammes simples, caractères, pièce écrite, culture, cultivé, civil en opposition à militaire) |
(Wieger |
Le caractère représente l’écriture, les écrits sont tellement importants en Chine qu’ils ont pu pour certains été considérés comme des « classiques » ceux-ci constituent la base de l’éducation des lettrés chez qui l’influence confucéenne est très marquée. Les lettrés constituaient une classe sociale de fonctionnaires civils de l’état. Ils possédaient une qualité, celle de l’écriture au service de l’état permettant d’imposer les lois dans l’empire. Le symbole de cette qualité était représenté par le droit du port d’une épée par ces lettrés, celle-ci était qualifiée de « civile » afin de la distinguer de l’épée dite « militaire ».
LE WU
WU 武 |
(Ricci 5587 ; militaire par opposition à civil, martial, guerrier, traces de pas, pas, enjambée) Ceci nous donne l’image d’une armée en marche prête à combattre. |
Pourtant l’étymologie de l’idéogramme WU apporte une nuance importante au sujet de l’utilisation des armes.
WU 武 |
Les lances qui arrêtent les incursions ennemies permettant au peuple de prospérer. |
(Wieger 71 K) L’armée, soldats. |
Traduction littérale ; arrêt de la violence donc la paix permettant au peuple de vivre et de prospérer. Les armes font office de protection, elles enlèvent à l’ennemi potentiel toute velléité, elles garantissent la paix. Ce qui impose ce respect est pourtant un des instruments de guerre des plus redoutables ; KE, la hallebarde.
LA HALLEBARDE
KE |
(Wieger |
Ce radical (le 62 dans le dictionnaire antique Kang Xi) est à l’origine de nombreux caractères ayant trait aux armes, excusez du peu !
- lance
- hallebarde
- armes
- trident
- pointe
- bouclier
- hache
- glaive
- pieu
- flèche
- longue lance
et aussi aux techniques en rapport avec celles-ci :
- blesser
- planter
- racler
- tailler
- vaincre
- désarmer
- trancher
- détruire
- mettre à mort
- combattre
- percer
La vocation de l’armée est d’imposer par les armes en garantissant la paix. L’association des idéogrammes WEN WU signifie civilisation, patrimoine culturel d’un pays (Ricci 5535) La culture, les arts se développent en période de paix, l’usage des armes est d’imposer l’ordre permettant le développement de la société.. La civilisation sans la culture et les lettres peut pencher vers la barbarie. Les deux tranchants de la lame de l’épée pourraient symboliser les domaines du WEN et du WU, alliant la force et l’esprit, la force étant dirigée par l’esprit.
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[1] P481 Les pères du système taoïste L.Wieger
[2] Zhuang Zi
[3] Le yin et le yang
[4] P332 333 Philosophes taoïstes Gallimard
[5] P481 Les pères du système taoïste L.Wieger
[6] P331 L’oeuvre complète XXX Philosophes taoïstes Gallimard
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SOURCES :
Caractères chinois L.Wieger
Chine J.Pimpaneau
Découvrir les anciennes armes de
Dictionnaire français de la langue chinoise Institut Ricci
Les pères du système taoïste L.Wieger Cathasia
Philosophes taoïstes Gallimard
A LIRE :
Revue Dragon n°7 Jian ou l’épée chinoise Y.Naert
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