La notion du vide et du plein dans les textes consacrés au taiji quan
LA NOTION DU VIDE ET DU PLEIN DANS LES TEXTES CONSACRES AU TAIJI QUAN
Avant que l’enseignement du taiji quan ne soit diffusé en dehors des familles et des clans fondateurs, il était prodigué par un maître entouré seulement de quelques élèves. Pour parfaire cet enseignement de « cœur à cœur » et de « peau à peau », des chants furent créés dans un but mnémotechnique. Ils étaient destinés plus particulièrement aux adeptes analphabètes nombreux à cette époque. Certains de ces chants nous sont parvenus ainsi que des textes plus aboutis écrits par des lettrés qui les destinaient à ceux qui avaient de l’instruction. Cet ensemble de textes décrivent les principes régissant la discipline ainsi que la ou les philosophies qui sous-tendent celle-ci. Ces chants et ces textes forment ce qui est communément appelés « les classiques » du taiji quan, et constituent une mémoire et un guide précieux pour les pratiquants actuels.
Nous avons puisé dans ces écrits les passages les plus significatifs sur le vide et le plein. Un premier tableau rassemble des extraits de textes tirés des « classiques du taiji quan »[1], un deuxième nous livrera d’autres extraits issus du « Taiji quan biao jie », texte écrit par maître Wang Yen Nien. Le contenu de ces deux tableaux livrera le sens particulier que prend le vide et le plein dans une pratique martiale Pour répondre aux interrogations qui pointent sur ce sujet, certains extraits se suffisent à eux-mêmes, d’autres demandent à être développés. C’est ce que je m’efforcerai de faire en y ajoutant quelques remarques.
EXTRAITS TIRES DES « CLASSIQUES DU TAIJI QUAN »
Tableau 1 Le vide et le plein dans les "classiques"
EXTRAITS DES TEXTES |
TITRES DES TEXTES ET AUTEURS (présumés) |
Extrait 1 : « Il convient de distinguer clairement le vide du plein. Chaque partie du corps peut être vide ou pleine »
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Traité sur le Taiji Quan attribué à Zhang Sanfeng |
Extrait 2 : « Le côté gauche comme le côté droit comporte à la fois une partie pleine et une partie vide » « Pour rendre vos mouvements aisés, placez le poids de votre corps ou d’un côté ou de l’autre ; S’il est réparti également sur les deux jambes, vos mouvements seront maladroits. Ceux qui, après plusieurs années de pratique sont encore incapables de transformer leurs mouvements et sont toujours contrôlés par l’adversaire, ceux-là n’ont pas encore réalisé l’erreur de la double lourdeur. Pour éviter ce défaut, il faut comprendre la théorie du yin et du yang » |
Propos sur le Taiji Wang Zhongyue
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Extrait 3 : « En réalisant la symbiose de la pensée (yi) avec le souffle vous acquérez l’agilité. Les mouvements seront circulaires et vivaces : c’est ce qu’on nomme l’alternance du vide et du plein » |
Eclaircissements pour la pratique des treize mouvements Wang Zongyue |
Extrait 4 : « Applique-toi à bien différencier le vide du plein » |
Chant des treize mouvements Song Shuming
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Extrait 5 : « Le vide et le plein se distinguent clairement : si la gauche est vide, la droite est plein et vice versa. Le vide ne signifie pas absence totale de force mais que la puissance du souffle est déplacée. Le plein ne signifie pas que la force occupe tout le corps mais que la force spirituelle (jingshen) s’est concentrée là » |
Secret des cinq principes Li Yixu |
Extrait 6 : « Quand il y a lourdeur, vous ne pouvez ni avancer ni reculer comme vous le souhaitez, c’est pourquoi le corps doit être agile. » |
Secret des cinq principes Li Yixu |
EXTRAITS TIRES DU «TAIJI QUAN BIAO JIE» PAR WANG YEN NIEN[2]
Tableau 2 le vide et le plein dans le "Taiji quan biao jie"
Extrait 1 : « Car la transformation du vide et du plein provient des mouvements de la taille » |
Extrait 2 : « Différencier le vide du plein Le vide : la règle est de pouvoir lever et abaisser la jambe à volonté Le plein : il faut que les jambes soient fléchies et jamais tendues » |
Extrait 3 : « Quand tout le poids du corps est sur la jambe droite, on dit alors qu’elle est pleine et que la jambe gauche est vide et réciproquement.. C’est ainsi que les changements de rotations peuvent être agiles et légers et les gestes aisés. Sinon les pas deviennent lourds et gauches et les postures instables » |
Extrait 4 : « S’il n’y a pas de puissance dans les transformations du vide et du plein des membres supérieurs et inférieurs, il faut y remédier en ajustant les mouvements à la mobilité de la taille » |
Extrait 5 : « Souplesse et solidité dépendent de la situation. Lorsque l’autre est plein je suis vide et vice-versa. Tantôt vide, tantôt plein : ces deux attitudes alternent ainsi sans rupture » |
Extrait 6 : « Quand on adhère à l’autre, que ce soit avec la main gauche ou avec la main droite, dès que l’on perçoit une intention d’alourdissement : il faut vider à l’endroit du contact, alourdir s’il y a relâchement et peser immédiatement sur un côté dès la moindre double lourdeur » |
Extrait 7 : « l’autre se plie, je me déploie. L’autre se déploie, je me plie : vide et plein se répondent sans la moindre erreur » |
[1] Il s’agit des textes traduits par C.Jeanmougin et S.Metzlé qui figurent dans le livre de Wang Yen Nien, Yangjia Michuan Taiji Quan tome 1
[2] Dans « Les principes essentiels du Taiji quan traduction et commentaires du tableau de synthèse élaboré par Maître Wang Yen Nien » C.Jeanmougin
Extrait d'un mémoire de l'IFAM "Vide et plein, le taiji quan des premiers pas" Cet article appartient à une série d'articles présentant des extraits de ce mémoire, celui-ci exprimait une reflexion personnelle sur le vide et le plein, veuillez bien en excuser les imprécisions et les erreurs qui ont pu s'y glissées, ceci n'ayant pas la prétention de résumer ce sujet si vaste...